2=3 |
La ‘troisième voie’ improvisée par ces conducteurs
élimine cette marge, lorsque les voitures sont à l’arrêt, et dès que les
véhicules se remettent en mouvement rend
la circulation dangereuse. Car à moins d’être un cascadeur professionnel, il n’est pas possible de rouler à 5 ou 10 cm entre deux voitures sans
faire d’accident. Ainsi, beaucoup de conducteurs cèdent; alors que d’autres
insistent à faire respecter leur priorité et du coup le désordre s’installe, et
les conducteurs y vont à qui mieux mieux avec les clacksons, les injures, et
toutes sortes de manœuvres dangereuses. En somme, moins de voitures passent à
chaque occasion; le bouchon de circulation s’hypertrophie de plus belle et
encore plus de conducteurs se joignent à l’effort collectif pour prouver que
2=3.
D’autres (sinon les mêmes) conducteurs, cette fois sur
les routes moins encombrées et quand la circulation est fluide, jonglent avec
une autre contradiction: pour ceux-là 2=1. Vous les verrez conduire leur
véhicule (le 1) sur deux (le 2) couloirs, tout comme font les voitures
présidentielles dans les cortèges officiels, et tant qu’à faire pourquoi pas rouler en deçà
de la vitesse maximale autorisée,
téléphone portable collé à l’oreille. À leur manière, ces conducteurs génèrent
eux aussi un certain degré de désordre sur la route qui suscite le même genre
de réactions (clacksons, injures, et toutes sortes de manœuvres dangereuses) et
crée éventuellement les bouchons de circulation.
Les comportements des uns (adeptes du 2=3) comme des
autres (adeptes du 2=1) ont les mêmes effets : (1) augmentation de la
consommation moyenne de carburant, suite à l’augmentation du temps moyen de
transit entre deux endroits, (2) augmentation de la pollution dans ses
multiples dimensions (physique, auditive et visuelle), (3) création d’une autre sorte de pollution que
je pourrais appeler ‘la pollution sociale’ en consacrant la loi du plus fort (ou
du plus téméraire) comme La Règle en matière de partage des ressources communes
(4) augmente les dépenses de l’État, qui subventionne le prix des carburants,
(5) augmente les dépenses collectives
d’entretien et de réparation des véhicules et finalement (6) réduit la productivité
et détériore la santé des citoyens suite à l’augmentation du stress et de la
pollution. Il serait intéressant d’essayer de mettre des chiffres sur effets de
voir combien cela coûte réellement à la société.
Ma Solution. Par expérience, j’ai fini par comprendre
que le civisme (ou le respect du citoyen pour la collectivité dans laquelle
il vit et de ses conventions, dont notamment sa loi) est le résultat de
deux facteurs : l’abondance et l’application systématique et égale de la
loi. La défaillance de l’un des deux suscite chez les citoyens des
comportements non civiques et non responsables. Par expérience aussi, je pense
que le deuxième facteur est déterminant, car même en période de pénurie il est
possible d’imposer des comportements civiques et responsables quand la loi est
systématiquement et également appliquée à tous les contrevenants. En plus, comme
il n’est pas raisonnable de compter sur une solution proche à la pénurie (avoir
des routes plus larges, en plus grand nombre et/ou réduire le nombre de véhicules
en circulation,) il faudra regarder la solution du côté de l’application de la
loi.
Dans l’état actuel des choses, j’ai comme l’impression
que la longue histoire durant laquelle les agents de la circulation avaient
compris à leur dépends que certains citoyens sont au-dessus de la loi, fait
qu’ils ont perdu la motivation d’appliquer la loi. Il s’agit ici de vieux
réflexes que seul le temps et la formation peuvent faire disparaitre.
Même s’ils décident d’appliquer la loi, et de par le
grand nombre de contrevenants, il est impossible que le travail des agents de
la circulation puisse avoir un impact tangible. Car s’ils attrapent un
contrevenant, il y aura vingt qui échappent. Or si la probabilité de se faire
attraper est de 1/20 beaucoup de conducteurs vont tenter leur chance. Il faudra
donc baisser d’une manière drastique cette probabilité pour imposer l’ordre sur
la route. Pour se faire, il faudra parvenir à (1) augmenter d’une manière
significative le nombre d’agents de la circulation et/ou (2) leur taux de
succès (nombre de contrevenants attrapés/nombre de contrevenants total).
Au niveau du nombre d’agents de la circulation, l’État
devrait concevoir un programme d’emploi à durée déterminée (de trois ou même
cinq années) au profit des jeunes diplômés en chômage. Le ministère de l’emploi
devra être en mesure de trouver la formule adéquate en combinant les différents
programmes d’aide à l’emploi disponibles. Toutefois je reviendrai sur la
question de financement plus tard.
Maintenant, pour accroitre le taux de succès, je
propose que les constats de contraventions puissent se faire par photographie.
Il faudra ainsi introduire les amendements appropriés aux lois en vigueur
pour qu’une photo prise par un agent de
la circulation puisse être admise comme preuve de contravention de la même
manière que les photos de radars. Il suffit alors que chaque agent de la
circulation puisse avoir durant ses heures de service un appareil photo
approprié et que toutes les voitures de patrouille soient équipées d’appareils
photo et vidéo appropriés, et que les rapports de contraventions soient établis
sur la base de photos et d’enregistrements vidéo. Les contrevenants seraient
avisés de l’infraction de la même manière actuellement en vigueur pour les
contraventions constatées par radar.
La mise en place de cette solution (numérique)
nécessite des investissements en équipement et en infrastructure et des
dépenses récurrentes qui ne sont pas négligeables. Toutefois, l’argent généré par
les contraventions (sans compter celui économisé en subventions de carburant et
en réduction d’autres nuisances mentionnées plus haut) devrait être suffisant pour repayer
l’investissement initial et couvrir les dépenses récurrentes. À raison de 100
dinars par contravention avec des valeurs progressives pour les récidives
(allant jusqu’à la suspension du permis de conduire dans certain cas), l’argent
ne devrait pas être un problème. L’effet à moyen terme de l’augmentation de la
probabilité de se faire attraper obligera les conducteurs à devenir plus
civilisés sur la route.
Tunisie, Accidents de la route: un été 2011 particulièrement meurtrier
ReplyDeletehttp://www.babnet.net/cadredetail-39091.asp