Monday, November 26, 2012

SUR LA ROUTE 2: QUAND 2 ÉGAL 3 ET 2 ÉGAL 1




2=3
Le Problème. Certains conducteurs semblent insister à défier la logique et, jour après jour s’employer à démontrer que 2=3. Vous les reconnaîtrez facilement à l’approche d’un feu de circulation, ou d’un bouchon de circulation : ce sont ceux-là même qui improvisent une troisième rangée de voitures entre, ou à coté de deux rangées de voitures arrêtées. Pour eux ‘‘quand il y en a pour deux, il y en pour trois’’ semble alors aller de soi.  Or si cela est vrai quand les voitures sont à l’arrêt, il n’est pas évident que cela s’applique aux voitures en mouvement. La largeur des chaussées (entre 5m20 et 6m pour deux voies) tient compte d’une marge de sécurité entre les voitures en mouvement (calculée en fonction de la vitesse autorisée ce qui explique que les voies sont plus larges sur les autoroutes).
La ‘troisième voie’ improvisée par ces conducteurs élimine cette marge, lorsque les voitures sont à l’arrêt, et dès que les véhicules se remettent en mouvement  rend la circulation dangereuse. Car à moins d’être un cascadeur professionnel, il n’est pas possible de rouler à 5 ou 10 cm entre deux voitures sans faire d’accident. Ainsi, beaucoup de conducteurs cèdent; alors que d’autres insistent à faire respecter leur priorité et du coup le désordre s’installe, et les conducteurs y vont à qui mieux mieux avec les clacksons, les injures, et toutes sortes de manœuvres dangereuses. En somme, moins de voitures passent à chaque occasion; le bouchon de circulation s’hypertrophie de plus belle et encore plus de conducteurs se joignent à l’effort collectif pour prouver que 2=3.
D’autres (sinon les mêmes) conducteurs, cette fois sur les routes moins encombrées et quand la circulation est fluide, jonglent avec une autre contradiction: pour ceux-là 2=1. Vous les verrez conduire leur véhicule (le 1) sur deux (le 2) couloirs, tout comme font les voitures présidentielles dans les cortèges officiels, et tant qu’à faire pourquoi pas  rouler en deçà  de la  vitesse maximale autorisée, téléphone portable collé à l’oreille. À leur manière, ces conducteurs génèrent eux aussi un certain degré de désordre sur la route qui suscite le même genre de réactions (clacksons, injures, et toutes sortes de manœuvres dangereuses) et crée éventuellement les bouchons de circulation.
Les comportements des uns (adeptes du 2=3) comme des autres (adeptes du 2=1) ont les mêmes effets : (1) augmentation de la consommation moyenne de carburant, suite à l’augmentation du temps moyen de transit entre deux endroits, (2) augmentation de la pollution dans ses multiples dimensions (physique, auditive et visuelle), (3)  création d’une autre sorte de pollution que je pourrais appeler ‘la pollution sociale’ en consacrant la loi du plus fort (ou du plus téméraire) comme La Règle en matière de partage des ressources communes (4) augmente les dépenses de l’État, qui subventionne le prix des carburants, (5)  augmente les dépenses collectives d’entretien et de réparation des véhicules et finalement (6) réduit la productivité et détériore la santé des citoyens suite à l’augmentation du stress et de la pollution. Il serait intéressant d’essayer de mettre des chiffres sur effets de voir combien cela coûte réellement à la société.
Ma Solution. Par expérience, j’ai fini par comprendre que le civisme (ou le respect du citoyen pour la collectivité dans laquelle il vit et de ses conventions, dont notamment sa loi) est le résultat de deux facteurs : l’abondance et l’application systématique et égale de la loi. La défaillance de l’un des deux suscite chez les citoyens des comportements non civiques et non responsables. Par expérience aussi, je pense que le deuxième facteur est déterminant, car même en période de pénurie il est possible d’imposer des comportements civiques et responsables quand la loi est systématiquement et également appliquée à tous les contrevenants. En plus, comme il n’est pas raisonnable de compter sur une solution proche à la pénurie (avoir des routes plus larges, en plus grand nombre et/ou réduire le nombre de véhicules en circulation,) il faudra regarder la solution du côté de l’application de la loi.
Dans l’état actuel des choses, j’ai comme l’impression que la longue histoire durant laquelle les agents de la circulation avaient compris à leur dépends que certains citoyens sont au-dessus de la loi, fait qu’ils ont perdu la motivation d’appliquer la loi. Il s’agit ici de vieux réflexes que seul le temps et la formation peuvent  faire disparaitre.
Même s’ils décident d’appliquer la loi, et de par le grand nombre de contrevenants, il est impossible que le travail des agents de la circulation puisse avoir un impact tangible. Car s’ils attrapent un contrevenant, il y aura vingt qui échappent. Or si la probabilité de se faire attraper est de 1/20 beaucoup de conducteurs vont tenter leur chance. Il faudra donc baisser d’une manière drastique cette probabilité pour imposer l’ordre sur la route. Pour se faire, il faudra parvenir à (1) augmenter d’une manière significative le nombre d’agents de la circulation et/ou (2) leur taux de succès (nombre de contrevenants attrapés/nombre de contrevenants total).  
Au niveau du nombre d’agents de la circulation, l’État devrait concevoir un programme d’emploi à durée déterminée (de trois ou même cinq années) au profit des jeunes diplômés en chômage. Le ministère de l’emploi devra être en mesure de trouver la formule adéquate en combinant les différents programmes d’aide à l’emploi disponibles. Toutefois je reviendrai sur la question de financement plus tard.
Maintenant, pour accroitre le taux de succès, je propose que les constats de contraventions puissent se faire par photographie. Il faudra ainsi introduire les amendements appropriés aux lois en vigueur pour  qu’une photo prise par un agent de la circulation puisse être admise comme preuve de contravention de la même manière que les photos de radars. Il suffit alors que chaque agent de la circulation puisse avoir durant ses heures de service un appareil photo approprié et que toutes les voitures de patrouille soient équipées d’appareils photo et vidéo appropriés, et que les rapports de contraventions soient établis sur la base de photos et d’enregistrements vidéo. Les contrevenants seraient avisés de l’infraction de la même manière actuellement en vigueur pour les contraventions constatées par radar.
La mise en place de cette solution (numérique) nécessite des investissements en équipement et en infrastructure et des dépenses récurrentes qui ne sont pas négligeables. Toutefois, l’argent généré par les contraventions (sans compter celui économisé en subventions de carburant et en réduction d’autres nuisances mentionnées plus haut)  devrait être suffisant pour repayer l’investissement initial et couvrir les dépenses récurrentes. À raison de 100 dinars par contravention avec des valeurs progressives pour les récidives (allant jusqu’à la suspension du permis de conduire dans certain cas), l’argent ne devrait pas être un problème. L’effet à moyen terme de l’augmentation de la probabilité de se faire attraper obligera les conducteurs à devenir plus civilisés sur la route. 

1 comment:

  1. Tunisie, Accidents de la route: un été 2011 particulièrement meurtrier

    http://www.babnet.net/cadredetail-39091.asp

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